• Une climatisation qui fait froid dans le dos...

    Le dérèglement climatique de notre planète est désormais un fait incontestable. Les premiers effets dramatiques s'en font déjà sentir et les responsables politiques doivent maintenant prendre la mesure des actions à entreprendre pour diminuer drastiquement nos émissions de gaz à effet de serre. Le tout-automobile est l'un des principaux responsables de la crise climatique. C'est la raison pour laquelle le Code de l'Environnement, dans son article L.224-1, prescrit " les conditions de limitation de la publicité ou des campagnes d'informations commerciales relatives à l'énergie ou à des biens consommateurs d'énergie lorsqu'elles sont de nature à favoriser la consommation d'énergie ". Or, pour entrer en application, cet article devait être suivi de l'adoption d'un décret... qui depuis 1996 reste à rédiger par les services de l'Etat !

    Cet "oubli" de circonstance est symptomatique de la puissance de l'alliance objective qui lie publicitaires et constructeurs automobiles. Grâce à cette carence, il est encore possible de voir des campagnes promotionnelles pour les climatisations automobiles à 1€ symbolique, des offres promouvant un an d'essence gratuite pour tout achat d'un véhicule neuf, ou encore des publicités pour le transport aérien sur des lignes intérieures à des prix défiant toute concurrence. Depuis peu, les publicitaires, profitant de l'impact d'un été caniculaire, mènent des campagnes nationales pour promouvoir le développement de la climatisation dans le secteur résidentiel. Déjà depuis plusieurs décennies, le secteur tertiaire installé dans les immeubles de verre a banalisé l'usage de la climatisation, alors que le recours à une architecture bioclimatique à haute qualité environnementale aurait pu l'éviter.

    Les épisodes climatiques extrêmes sont notamment le résultat d'un usage irrationnel de l'énergie et de celui de la climatisation. La climatisation, solution de confort en réponse aux périodes de canicules, est caractéristique de cette fuite en avant qui saisit notre société. Alors que trois automobiles sur quatre sont d'ores et déjà dotées de la climatisation, son usage peut entraîner une augmentation de 35% de la consommation de carburant en milieu urbain. Collectivement, elle accroît notre dépendance à l'égard d'une énergie non renouvelable, le pétrole, engendrant tensions internationales, émissions massives de CO2, dérèglement climatique et pollution de l'air. Paradoxalement, la climatisation individuelle provoque un réchauffement collectif qu'individuellement tout le monde dénonce... Cette schizophrénie apparente est le résultat tangible des campagnes publicitaires et offres commerciales en faveur de la climatisation.

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